Le DIY ou Do It Yourself est THE tendance du moment. Le consommateur s’improvise depuis quelques années formulateur banalisant ainsi cette profession.
Focus sur un véritable métier qui requiert de multiples compétences.
Motivé par des produits plus écologiques, naturels, moins chers, Le consommateur est devenu un fan inconditionnel du fait maison pour fabriquer ses propres cosmétiques. Créatif, il n’hésite pas à y apporter sa petite touche personnelle en customisant les recettes qui fleurissent sur le net, sans prendre en considération, les risques auxquels il s’expose. Pourtant, la formulation cosmétique est loin d’être simplement une « histoire de cuisine » et demande de solides connaissances.
Chargé.e de projet en formulation cosmétique : les compétences attendues
Il faut 5 ans d’études après le baccalauréat pour devenir chargé de projet cosmétique. Différentes formations sont possibles : master en cosmétique, école en 5 ans spécialisée en cosmétique ou en chimie ou encore école d’ingénieur. Ce niveau d’étude permet d’avoir de solides connaissance scientifiques théoriques et pratiques mais également un bon bagage en gestion de projet et management d’équipe.
En effet, bien souvent la création d’un produit cosmétique est le fruit d’un travail d’équipe faisant intervenir de nombreux profils différents : marketing, formulation, gestion de projet, règlementation, qualité, microbiologie, analyse sensorielle. Tous ces différents domaines doivent travailler en synergie, et le rôle du chef de projet cosmétique ou du chargé de projet est de gérer l’avancée du projet tout en coordonnant les différents intervenants.
Le nombre de personnes impliquées va dépendre de la taille de l’entreprise.
Ainsi dans une grande entreprise il y aura un pôle avec plusieurs personnes dans chaque domaine cité plus haut. En revanche, dans une PME, l’effectif est considérablement réduit et chaque personne doit alors être polyvalente.
Le chargé de projet en formulation cosmétique peut donc porter différentes casquettes : marketeur, formulateur, panel leader en analyse sensorielle, contrôleur qualité ou chargé de réglementation. En résumé, il est son propre chef de projet.
Le métier de chargé de projet peut donc changer radicalement d’une entreprise à une autre ce qui demande d’être adaptable, polyvalent, sociable et également autonome.
Concrètement, que fait un chargé de projet en formulation cosmétique ?
Prenons le cas de la création d’une nouvelle gamme de produits cosmétiques.
Etape 1 : le brief marketing
Il définit le concept de la gamme, ses revendications et ses cibles. Cela va ensuite permettre de réaliser une étude de marché de la concurrence (le fameux benchmark) et des produits concurrents pour voir ce qu’il se fait sur le marché, quelles sont les tendances, les produits phares, les ingrédients incontournables etc…
Cette étape précède l’étude sur le comportement du consommateur qui permet, quant à elle, d’en apprendre un peu plus sur les produits utilisés par les consommateurs, la façon de les utiliser et leur routine cosmétique.
Grâce à ces deux études, il est par la suite possible de sélectionner les différents produits de la gamme qui paraissent essentiels aux yeux du consommateur.
Etape 2 : le cahier des charges
Le cahier des charges regroupe les points essentiels du produit en synthétisant les réponses aux questions suivantes :
- Quelle est la fonction principale à laquelle il doit répondre ?
- Quelles sont les autres fonctions auxquelles il doit répondre ?
- Comment doit être le produit d’un point de vue sensoriel ? (odeur, texture, couleur)
- Et enfin, le produit possède-t-il des contraintes réglementaires comme une norme à suivre ou un label à avoir ?
Ainsi, le prix auquel va être acheté le produit et le prix maximum que peut coûter sa fabrication vont être décidés.
Une fois le cahier des charges établi, c’est au pôle formulation de commencer son travail.
Etape 3 : la formulation
Dans un premier temps, les ingrédients correspondant aux différentes fonctions du cahier des charges vont être sélectionnés. Le cœur de la formule aussi appelé châssis formulaire ou squelette de formule, est la partie indispensable du produit pour avoir sa texture et sa stabilité.
Si cette partie n’est pas stable, la formule finale ne pourra pas l’être non plus.
Mais attention, le métier de formateur est un travail de longue haleine où rien n’est gagné !
L’ajout d’un seul autre ingrédient peut rendre instable la formule et contraindre à repartir du châssis de départ.
A cette étape, en plus d’élaborer un châssis avec la texture souhaitée, il faut également prendre en considération des exigences majeures du cahier des charges : la naturalité, les certifications ou encore la conformité à des réglementations internationales.
La phase suivante est de choisir des ingrédients appropriés. Mais comment procéder ?
Le chargé de projet, qui a déjà de bonnes connaissances en formulation, va pouvoir s’aider des formules concurrentes dont il a fait la prospection en amont, on appelle cette étape la « déformulation ». En clair, qu’il examine les compositions INCI des concurrents ou des benchmarks.
Mais pour la réalisation d’un nouveau produit, il s’aide avant tout des formules théoriques proposées par les fournisseurs de matières premières avec qui il travaille en lien étroit tout au long de ses projets. En effet, ces fournisseurs sont d’une aide précieuse pour trouver de nouveaux ingrédients et donner des conseils quant à leur formulation.
Dans un second temps, ou en parallèle, le formulateur recherche aussi des actifs et des parfums pour répondre aux particularités ou allégation du cahier des charges.
Puis, de la même manière, le mode opératoire est établi avec les conseils des fournisseurs qui peuvent être déterminants pour assurer la bonne stabilité finale.
Etape 4 : les essais
Après tout ce cheminement, les essais au laboratoire peuvent enfin commencer ! Il s’en suit un long travail d’optimisation de la part des formulateurs pour arriver à la perle rare !
Vous vous demandez surement comment savoir si le produit répond bel et bien au cahier des charges avec uniquement des tests théoriques ? Eh bien voilà un autre aspect de la formulation dont on parle rarement : les crashs tests !
C’est bien le formulateur et le chargé de projet qui vont tester sur eux-mêmes les produits développés afin de voir si le produit est conforme aux besoins auxquels il doit répondre. Ainsi, ils pourront voir directement si le shampooing formulé lave bien les cheveux, si le démaquillant enlève bien le maquillage etc…
Avouons-le, les premiers essais sont souvent peu glorieux… Mais ce travail de « cobaye » est indispensable et les petits désagréments sont vites oubliés lorsqu’ils nous permettent de trouver l’accord parfait !
Restent les tests (microbiologiques, de tolérance et d’efficacité) à effectuer…Mais il y a tant à dire que nous en reparlerons dans un autre article ;).
Pour conclure, la formulation cosmétique est une science bien plus complexe que la tendance du DIY semble faire penser. Il faut de solides bases en chimie afin de comprendre le choix des ingrédients pour chaque formule ainsi que les interactions qu’ils créent lors de leur mélange.
Il existe de nombreux types de galéniques en cosmétique qui ont chacune leurs particularités et qu’il est important de connaître avant de formuler un produit.
Cette discipline requiert donc de nombreuses compétences qui nous rend optimistes quant à l’avenir de ce beau métier !